Boitsfort (Watermael-Boitsfort)
Histoire contemporaine d'une commune
Trois villages de la forêt (Watermael, Boitsfort et Auderghem) vivent depuis des siècles ensemble...
En 1794, les soldats de la Révolution française décidèrent de séparer Auderghem, Watermael et Boitsfort pour en faire 3 communes distinctes.
En 1811, Napoléon, par décret impérial, décide de réunir à nouveau en une seule entité administrative les 3 villages.
Mais Auderghem fut rapidement priée, par arrêté royal, de ne plus perturber l'existence du couple Watermael-Boitsfort et donc de se retirer.
Le mot Watermael (on en trouve déjà la trace vers 888) viendrait de : water (eau en néerlandais) et mahl (mallum en latin, endroit où l'on rend la justice).
Le mot Boitsfort (apparu vers 1227) est moins précis, on a le choix entre plusieurs possibilités. En résumé, un document de cette époque donne le nom de Godefroid de Boudesfort. Pour d'autres, le mot Boud ou Baldo serait une abréviation de Baudouin et le mot fort désignerait un domaine, soit le Domaine de Baudouin.
Une autre possibilité, par ailleurs plus vraisemblable, en fait le domaine de la famille Boote qui était puissante au XIIe siècle. Par ailleurs, plusieurs membres de la famille feront partie de l'échevinat de Bruxelles.
Le premier bourgmestre de Watermael-Boitsfort est François Vancampenhout en 1811.
En 1825, Théodore Verhaegen, fondateur de l'ULB, devient bourgmestre à son tour.
1842 : baron Eugène Amour de Cartier
1848 : Englebert Frémineur fils
1858 : Jean-Baptiste (dit Frédéric) Depage
1868 : Jean-Baptiste Smets
1870 : Édouard Olivier
1872 : Léopold Wiener
1891 : Lambert Vandevelde
1893 : Théophile Van der Elst (échevin faisant fonction de bourgmestre)
1895 : Émile Van Becelaere
1904 : Jean-Henri Delleur
1921 : Georges Benoidt
1946 : Jules Messine
1959 : Jacques-Henri Wiener
1976 : Andrée Payfa-Fosseprez (premier bourgmestre féminin de l'agglomération bruxelloise)
1994 : Martine Payfa (fille de la précédente)
Armoiries de Watermael-Boitsfort
C'est le 2 mai 1914 que ces armoiries sont concédées à la Commune : « d'argent à une rencontre de cerf au naturel, au chef d'azur chargé d'un cor de chasse d'or lié du même ».
Roger Somville y vit.
Le peintre Fernand Verhaegen, (1883-1975), le grand maître du folklore wallon, y a vécu de 1913 à 1957, avec une interruption pendant la première guerre mondiale. Il fut ami de Rik Wouters et son voisin en venant se fixer rue de la Sapinière, où habitait déjà le couple Nel et Rik Wouters.
Rik Wouters a habité rue de la Sapinière de 1907 à 1914
Hergé (Georges Rémy) le père spirituel de Tintin a quant à lui habité avenue Delleur. Les aventures du célèbre reporter sont parsemées de liens directs avec la commune. La maison du professeur Bergamotte, représentée dans Les Sept Boules de cristal, est située dans cette avenue.
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Watermael-Boitsfort, un peu d'histoire ...
914
Guntbert et Bertaïde cèdent leurs domaines de Watermael à l'abbaye Saint Martin de Tours. Ce domaine comprend une église.
950
La vieille église Notre-Dame est démolie et remplacée par Saint-Clément.
1050
Les chiens de la vénerie ducale auraient été déplacés de Louvain à l'endroit où se situe aujourd'hui Boitsfort.
1193
Première mention des échevins de Watermael. Le sceau échevinal représente saint Clément avec sa crosse et l'ancre.
L'autel de Watermael est donné au Chapitre de la cathédrale de Cambrai. Cette possession est confirmée par un bref du pape Célestin III.
1201
Fondation de l'abbaye de la Cambre.
1227
Boudesfort (Boitsfort) est cité pour la première fois.
1255
Le premier curé dont le nom est connu est Wilhelmus, cité dans un acte comme "presbyter de watermael".
1262
Aleyde de Brabant, veuve du duc Henri III fonde le premier couvent de Dominicaines de notre pays, le prieuré de Val-Duchesse.
1271
Les chanoines de Cambrai cèdent à Val-Duchesse le personnat du temple (Watermalle) avec toutes ses dépendances et tous les biens qu'ils possédaient à Watermael, en échange d'une dîme à Braine l'Alleud.
Le duc de Brabant, Jean Ier, accorde à un habitant de Watermael l'autorisation d'installer un moulin "là où il en existait un précédemment". Le pape Grégoire confirme aux religieuses de Val-Duchesse leurs biens et leurs immunités.
1296
Un acte du pape Boniface VIII confirme le patronat de Val-Duchesse sur l'église de Watermael.
1304
Le duc Jean fonde l'ermitage de Groenendael.
1343
Un acte de donation prévoit à Groenendael la constitution d'une communauté religieuse. Sept ans plus tard, Groenendael devient un prieuré qui adopte la règle de saint-Victor de Paris.
1367
Création d'un ermitage à Rouge-Cloître.
1370-1430
Durant cette période, l'église de Watermael reçoit la statue de la Sainte-Vierge qu'elle a possédée jusqu'en 1976.
1402
Un accord est conclu entre le curé de saint Clément, Aegidius de Pruper et le couvent de Rouge-Cloître.
1436
Le plus ancien sceau retrouvé (échevins de Watermael) est à l'effigie de saint Clément.
1445
Le curé Engelbert van Cuerenbeke donne sa démission.
Le 17 août, Marguerite de Lathem, prieure de Val-Duchesse fait savoir à l'archidiacre de Bruxelles qu'elle a conféré à Jean de Dorne l'église paroissiale saint Clément de Watermael.
Il mourut avant 1474.
1474
Jacques Clos, prêtre de l'ordre des prêcheurs, entre en possession de la cure de saint clément, après avoir été présenté par Ode de Sombeke, prieure de Val-Duchesse lez Auderghem. Il démissionne au bout d'un an.
1475
Jacques de Fine est nommé curé, il renonce en 1477 et est remplacé par Geeraard van Nieuwenland.
1561
Watermael ne dépend plus de l'évêché de Cambrai mais de celui de Malines.
1562
Le prieuré de Val-Duchesse est attaqué, pillé et incendié par une bande de malfaiteurs. Les pertes sont évaluées à 100.000 florins. En 1566, les religieuses se réfugient à Bruxelles.
1568
Incendie et destruction du château de Boitsfort, reconstruit deux ans plus tard.
1575
Edification de la pierre tombale de Segher van Wesele, la plus ancienne subsistant à ce jour.
1578-1607
Durant les guerres de religion, les religieux de la Cambre, Val-Duchesse, Groenendael et Rouge cloître se réfugient à Bruxelles.
1604
Le 4 mai, un groupe de cavaliers remontant le Watermaelbeek, aperçoit l'église, la pille et y met le feu. Les fermes environnantes subissent le même sort.
1609
Aegidius Lucas est installé comme curé. Il fut "magister artium" (maître des arts) de la faculté des arts rattachée à l'Université de Louvain. Il décède le 7 octobre 1632, sa pierre tombale se trouve à l'extérieur de l'église.
1635
Florentia de Chastillon présente à l'évêché la candidature de Lambertus Ardenis. Il meurt peu de temps après de la peste
1636
Le meunier de Boitsfort meurt de la peste. Dans le village, 300 personnes étaient mortes. Seuls 11 hommes survécurent dans le village.
1637
Le 20 février 1637, Joannes de Langhe est présenté comme curé. Il ne fut installé que l'année suivante. Il meurt en 1671.
1657
Le plus ancien registre de baptême date de cette année.
1667
Epidemie de peste.
1674
Guillelmus Rega, qui desservait la paroisse depuis quinze mois est proposé comme curé.
Il meurt en 1699, sa pierre tombale est toujours accolée à l'église.
1698
Michel de Cafmeyer commence la construction de la Maison Haute.
1700
Paul-François De Bruyne, bachelier en théologie, obtient de la Faculté de Louvain, les documents qui lui permettent d'occuper la cure vacante de Watermael.
1705
Sur l'atlas terrier de l'Hôpital saint Jean, est référencée "de kerke van Watermale".
1716-1723
Le château de Boitsfort est à nouveau délabré et inhabitable. En 1719, l'état de délabrement de la chapelle est tel que personne ne veut y mettre les pieds. En 1721, la chapelle est démolie et reconstruite. Elle est consacrée deux ans plus tard.
1727
L'abbé Jean-François Theys, du diocèse de Bois-le-Duc arrive dans la paroisse le 19 novembre.
En 1746, il est pressenti pour diriger la paroisse du Béguinage de Bruxelles.
1755
Les habitants de Watermael, les marguilliers et le curé, intentent un procès au prieuré de Val-Duchesse afin d'obtenir des subsides pour réparer le bâtiment et le mobilier.
Ils obtiennent gain de cause.
1759
Baptême d'une cloche. Le parrain est le baron J.G. de Kessel, seigneur de Watermael.
1776
Le château de Boitsfort est démoli.
1783
Les pouvoirs publics font dresser l'inventaire des biens de Val-Duchesse. Le prieuré figure sur la liste des couvents à supprimer.
Le 17 mars 1783, un édit de Joseph II supprime les couvents inutiles, les religieuses de Val-Duchesse sont dispersées. Groenendael et Rouge-Cloître subiront le même sort l'année suivante.
1789
Les habitants de Boitsfort s'unissent à ceux d'Uccle et d'Ixelles pour attaquer les autrichiens installés à la porte de Namur.
1790 |
1793
Des religieux reprennent possession de Groenendael
1794
Le 6 juillet, les alliés évacuent Bruxelles et les français défilent le 11 juillet.
Le 14 octobre, un décret de la Convention déclare que les propriétés ecclésiastiques appartiennent à la nation, mais leur administration est provisoirement laissée à leurs anciens propriétaires.
Le 16 novembre, le mariage civil est institué.
1795
L'autorité civile défend au curé d'inscrire quoi que ce soit dans les registres paroissiaux. Il reçoit l'ordre de les remettre à un certain Jean Goossens, fonctionnaire communal.
La dernière inscription date du 18 septembre.
N'ayant guère confiance dans les employés communaux, le curé décide d'en établir de nouveaux.
1795
Le 26 février, le couvent de Groenendael est définitivement fermé
1796
Les français suppriment définitivement le couvent de Rouge-Cloître. Le 27 brumaire an V, l'abbaye de la Cambre subit le même sort. Les dominicaines de Val-Duchesse sont définitivement chassées.
1797
L'abbé de Houwer refuse de prêter le serment publié dans le département de la Dyle le 11 septembre 1797.
Le 23 septembre, il écrit en latin dans le registre des défunts : "... J'ai été arrêté par des soldats tandis que je célébrais la messe à l'autel de la sainte Vierge..."
Conduit chez le juge de paix d'Uccle, François Leunckens, il est mis en liberté sous caution.
1798
L'abbé de Houwer écrit encore : "Cette année, j'ai été obligé de me cacher ici et là."
Ayant continué à administrer sa paroisse sans avoir prêté le serment, le curé est condamné le 2 mai à trois mois de prison.
Il purge sa peine à la porte de Hal du 11 mai au 8 août. Revenu de captivité, il poursuit ses activités dans la clandestinité.
1801
La commune rend au curé l'usage de la cure.
Le 30 mai de l'année suivante, l'église est à nouveau ouverte au culte et le 31 mai on célèbre le premier baptême depuis le 20 septembre 1797.
1803
La fabrique d'église entame la rédaction d'un livre contenant les "délibérations et résolutions prises dans les assemblées du Conseil de l'Eglise, succursale de Watermael".
La première délibération contient la copie d'une lettre adressée au Maire afin d'obtenir une intervention pour la remise en état de l'église.
La même année, la paroisse de Boitsfort est séparée de Watermael.
1811
L'abbé de Houwer est nommé à Alsemberg.
Il est remplacé par Henri-Joseph Van Rosse, qui décèdera sept ans plus tard.
1827
Construction d'une nouvelle église à Boitsfort pour remplacer la chapelle saint Hubert.
1830
Cent trente volontaires de la commune participent aux combats pour l'indépendance.
1830
Théodore Verhaegen, fondateur de l'Université Libre de Bruxelles est le premier bourgmestre après l'indépendance. Il avait été élu maire en 1825.
1833
Inauguration de la nouvelle église sainte Philomène de Boitsfort.
1858
Jean-Baptiste dit Frédéric Depage est élu bourgmestre. Il proposera l'achat de la villa de Hardy de Beaulieu pour qu'elle devienne la maison communale.
1884
Inauguration de la chapelle de l'avenue Wiener.
Construction de la gare de Watermael
1897
Inauguration de l'éclairage public.
1910
Des trams électriques relient la porte de Namur à la place Keym.
1921
Création de la société coopérative de locataires Le Logis.
Georges Benoidt est bourgmestre.
1925
Démolition de l'église sainte Philomène de Boitsfort.
Une chapelle est érigée à Floréal, ressortissant à la succursale de Watermael. Un arrêté royal du 2 juillet 1927 érige en succursale la chapellenie de Watermael. Cette succursale porte le nom de Notre Dame du perpétuel secours.
1939
Consécration de l'église saint Hubert
1943
Le 15 octobre, l'abbé René Kannaerts, curé de la paroisse Notre-Dame du Perpétuel Secours est arrêté par la Gestapo.
Il décède le 11 janvier 1945 au camp de concentration de Gross-Rozen
1948
Construction du stade communal des Trois Tilleuls.
1959
Jumelage avec Chantilly (France). Jacques Wiener devient bourgmestre
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Cité des balais d'où le nom du quartier "Coin du Balais"
En 1934, on pouvait lire dans un Almanach français : Boitsfort, la « cité des balais » A Boitsfort, petit village situé à 8 kilomètres environ de Bruxelles, se trouve un pittoresque quartier habité presque exclusivement par des fabricants de balais. Chaque hiver, ces paysans belges se rendent en groupe, à certains jours, dans les bois environnants pour y ramasser des branches de bouleau, et ils les transportent dans les granges de leurs maisons où ils les empilent. Leurs femmes s’emparent alors de ces branchages, qu’elles assortissent tant bien que mal et qu’elles assemblent par poignée de quarante à cinquante brins, au moyen de deux ou trois liens d’osier. Une fois ce travail préparatoire terminé, elles passent les grossiers balais, à l’aspect hirsute et plus ou moins échevelé, à des hommes qui vont se charger de parachever la besogne ainsi réalisée. A l’aide d’un marteau plat, ils alignent les brindilles du côté du manche, en plaçant successivement chaque balai entre leurs jambes, la tête en bas. Ensuite, ils ébardent de-ci de-là, ajustent et parachèvent la toilette du faisceau, qui prend, peu à peu, sa tournure définitive.
Au fur et à mesure de leurs besoins, les modestes artisans de Boitsfort partent rechercher des « matières premières » dans les futaies brabançonnes du voisinage, et, tous les jeudis, ils chargent sur une charrette les balais qu’ils en tirent, afin de les livrer à) leurs clients, dont les principaux sont les services municipaux des grandes villes de Belgique. A Bruxelles, en particulier, les balayeurs s’en servent pour tenir les trottoirs très propres. Grâce à ces solides et rustique balais, ils amassent rapidement les détritus et autres ordures, qu’ils enlèvent ultérieurement dans une sorte de brouette à deux roues.
Une belle histoire ...
La proximité de la forêt faisait que beaucoup d'habitants de Boitsfort exerçaient la profession de sabotier, bûcheron ou fabricant de balais pour lesquels ils utilisaient des rameaux de bouleaux et les genêts. Cette occupation était réservée aux femmes qui, après avoir travaillé dans le bois, ramenaient au logis les gerbes de balais qu'elles tenaient en équilibre sur la tête au moyen d'un long bâton. La vente de fleurs en bouquets était aussi une occupation prisée. Ces besogneux habitaient l'extrémité de la chaussée de la Hulpe, vers Hoeilaart, d'où le nom "Coin du balai". La population, anciennement, ne s'arrêtait pas toujours à ce travail honnête. On y trouvait les plus dangereux voleurs des bois, ceux qui saccageaient la forêt aux dépens de laquelle eux et leur famille vivaient. Le privilège carolin est attaché à cette partie de Boitsfort. les deux protagonistes de cette histoire sont Hallé, le bûcheron, et l'empereur Charles-Quint. Un jour donc, l'empereur, chassant, s'égare dans la forêt et, poursuivi par la faim, alla frapper à la porte d'un bûcheron. Se conformant à une coutume en usage dans sa famille, celui-ci fit bon accueil à l'inconnu, l'invita à partager son repas et lui offrit le gîte pour la nuit. Le repas était frugal et l'empereur demanda s'il ne restait pas un peu de venaison. Le bonhomme après avoir consulté son épouse que rassurait la mine loyale de l'étranger, lui apporta une tranche de chevreau salé, exigeant de l'étranger la promesse d'une grande discrétion; cette viande provenait d'une partie de braconnage et les édits en la matière étaient très sévères. A quelques temps de là, l'empereur fit venir le bûcheron à la Cour de Bruxelles. En reconnaissant son invité, le pauvre homme se crut perdu, mais Charles-Quint le rassura immédiatement et lui demanda le prix qu'il exigeait de son déjeuner. le paysan ne sollicité que la permission de pouvoir couper librement dans les bois les rameaux nécessaires à la confection de ses balais. Surpris de tant de modestie, Charles-Quint lui octroya ce privilège que les descendants du vieil artisan conservèrent pendant plusieurs siècles. Aujourd'hui, le nombre des autochtones s'amenuise, beaucoup ont désertés, remplacés par une population beaucoup plus aisée.
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